Retour vers le passé avec le Centre de recherches en archéologie industrielle et urbaine de Montluçon

Passer les portes de l’entrepôt du Centre de recherches en archéologie industrielle et urbaine (Craium) de Montluçon (Allier) fait l’effet d’un voyage dans le temps. Un retour dans le passé industriel de la cité des bords du Cher et de sa région. Ce samedi 21 septembre matin, une vingtaine de visiteurs est au rendez-vous. Espérant découvrir, en ce week-end de Journées du patrimoine, les collections du Craium et les imposantes machines ayant fait les grandes heures de l’industrie montluçonnaise. Des machines sauvegardées par le Craium « Ah, c’est dans son jus ! », lance, encore sur le seuil, une visiteuse. Admirative, elle ne peut s’empêcher de regarder aux quatre coins de l’entrepôt. Autour d’elle, rangés de manière sommaire : des machines de plusieurs tonnes et des outils depuis bien longtemps obsolètes venant des usines Dunlop et Saint-Jacques, des forges de Commentry et Saint-Hippolyte à Vaux… Le programme des Journées du patrimoine à Montluçon et aux alentours Au total, des centaines, voire des milliers, de pièces différentes reposent dans ce cimetière des éléphants. « Ce que vous découvrez est un lieu de stockage. Nous entreposons ici les machines que nous sauvegardons. Ce n’est pas un lieu, comme le serait un musée, où l’on peut apprécier pleinement les machines. » Philippe desguis (président du Craium) Mais, même sous une épaisse couche de poussière, les visiteurs peuvent, en revanche, en apprécier l’histoire. Guidée par Philippe Desguis, la vingtaine de visiteurs découvre les trésors sauvés, de la destruction ou de la vente en pièces détachées, par le Craium. Un marteau-pilon venant de Dunlop, un four électrique de l’usine Sagem, un « mouton-pendule de Charpy » des usines Saint-Jacques - « un instrument de laboratoire inventé à Montluçon par Georges Charpy » -, un moteur thermique provenant d’un moulin, un ancien panneau Diamantine, marque d’encaustique produite à Montluçon par la Société générale des cires françaises… Tout un pan de l’histoire industrielle locale. Le programme des Journées du patrimoine 2024 dans l'arrondissement de Moulins « Diamantine, Saint-Gobain… J'ai connu tout ça » S’arrêtant devant un mastodonte d’acier, Philippe Desguis présente ainsi une des dernières acquisitions du Craium : « Il s’agit d’un laminoir qui vient des forges de Commentry. » Une machine de près de quarante tonnes que le Craium a dû « transporter depuis Commentry en plusieurs morceaux avant de devoir le remonter ». « Même s’il est obsolète depuis des années, il est resté jusqu’en 2015 à Commentry. » Puis, un peu plus loin, Philippe Desguis dévoile « une des pièces symboliques » du centre : un bus des usines Dunlop. « C’est un véhicule qui a environ 70 ans à la louche. Il nous a été donné par Dunlop il y a vingt-cinq ou trente ans. » philippe desguis (président du Craium) Un visiteur, connaissant son histoire, précise : « À l’époque, Dunlop était confronté à un manque de personnel. Avec ce bus, il pouvait aller chercher du personnel qui habitait à la campagne. » Philippe Desguis ajoute : « Une fois par an, ce bus allait même jusqu’au Portugal pour aller chercher des ouvriers. » Marielle, une des visiteuses, soutient : « C’est intéressant de garder ce patrimoine-là. Pour des gens de mon âge, on connaît Dunlop évidemment, mais on n’imagine pas toutes ces industries à Montluçon. » Son père, Jean-Marc, lui, se rappelle : « Diamantine, Saint-Gobain, j’ai connu tout ça. J’ai même démonté du matériel des usines Saint-Jacques. La boîte pour laquelle je travaillais à l’époque avait récupéré ses ponts roulants. Alors voir tout ça, ce sont des souvenirs qui reviennent. » Des visites auront lieu encore ce dimanche 22 septembre à 9 heures, 10 heures, 11 heures, 15 heures, 16 heures et 17 heures. Tarifs : 5 euros pour les adultes, gratuit pour les moins de 18 ans. Réservation obligatoire au 06.80.28.49.82. L’adresse sera communiquée lors de la réservation. Le programme des Journées du Patrimoine pour Vichy et ses alentours